Jérémy Pignier, François Jacquier
Depuis très longtemps nous avions repéré une tache sombre ressemblant à un porche sur une vire dans l'extrémité nord des falaises des Crêts du Surmontant. L'observation aux jumelles depuis le bas n'a jamais permis d'affirmer ou d'infirmer nos suppositions de grotte à cet endroit, face à la non disponibilité d'un hélicoptère ou d'un drone il ne restait qu'à aller vérifier sur place…
Le temps, les disponibilités, la pente et les difficultés d'accès avaient jusqu'à ce jour freiné les ardeurs de découvertes. Jérem était dispo ce mardi et a donc accepté d'accompagner le président dans cette quête du Graal, sous réserve que ce dernier lui paie à manger… quand même !
Après une salade composée, une côte échine sauce moutarde (spécialité du chef), un plat de frites, café puis l'addition il est donc temps de nous mettre à l'œuvre. Nous nous rendons d'abord route de Chevry afin d'observer la falaise et d'anticiper notre itinéraires en fonction des difficultés. La carte montre qu'un sentier part du magasin Aldi et monte en travers dans la pente, il devrait nous amener à proximité du pied des falaises. C'est donc depuis le parking du magasin que nous partons après nous être équipés. Grosses difficultés pour trouver le fameux sentier qui ne doit exister que sur la carte, il faut donc se résoudre à grimper sous une ligne à haute tension où le terrain est un peu mieux dégagé qu'ailleurs. La déclivité de la pente nous rappelle très vite quelques lois physiques qui, elles, n'existent pas que dans les livres… On en regretterait presque la double portion de frites ! Bref, quelques litres de sueur plus tard nous atteignons le pied de la falaise inférieure qu'il va falloir contourner. Coup de chance, un couloir rocheux, véritable coup de sabre dans la falaise, nous permet d'accéder très rapidement au-dessus. Nous longeons ensuite prudemment le bord de l'à-pic sur un terrain très en pente qui débouche sur le vide. Le tapis de feuilles mortes ne freinerait sans doute guère une glissade intempestive.
Cent cinquante mètres plus loin apparaît enfin le pied de la falaise supérieure et la fameuse vire démarre à notre niveau. Nous avions prévu tout un équipement susceptible de venir à bout de quelques passages scabreux mais nous avons l'heureuse surprise de ne rencontrer aucune difficulté notable. La vire est parcourue par une sente de chamois ou de blaireau presque confortable et la végétation environnante nous fait oublier les trente mètres de vide sous nos pieds. La base de la falaise est marquée par divers surplombs, renfoncements et formes d'érosion du plus bel effet. Nous découvrons même une petite grotte bouchée par des gros cailloux visiblement empilés par une main humaine. Une sorte de vieille caisse vermoulue, tout en longueur, en garde l'orifice. Sans doute une sorte de piège à renard ancestral, nous qui pensions être les premiers…
Nous reprenons notre cheminement tout en décidant de regarder ce trou plus en détails à notre retour. A peine plus loin la végétation s'éclaircit et la falaise semble s'élever au dessus de nos têtes, rapidement nous identifions le renfoncement mystérieux observé depuis le bas. Il nous faut encore gravir quelques mètres délicats entre roches glissantes et racines de buis pour atteindre notre but final.
Et là, déception… ce qui semblait être une entrée de grotte prometteuse n'est qu'un simple auvent, de belle taille certes, mais sans suite ! Huit à dix mètres plus haut dans la falaise, un autre renfoncement gardera ses secrets. Impossible d'y grimper et les probabilités d'une découverte intéressante semblent bien minces.
Pas vraiment une déconvenue, nous ne nous attendions pas à faire des kilomètres de premières et notre ascension aura eu au moins le mérite de lever un point d'interrogation. Le site et le décor sont somptueux sous un soleil radieux et nous prenons quelques minutes pour apprécier le paysage avec la curieuse sensation de flotter entre ciel et terre.
Comme prévu nous nous arrêtons au retour devant l'entrée de la petite grotte et nous entamons le déblaiement des pierres qui obstruent la suite. Là aussi il faut vite déchanter, un conduit se poursuit effectivement mais ses dimensions n'excèdent pas quelques décimètres…